Mantegna réalise une des plus belles œuvres de la Renaissance italienne : la « Chambre des époux » (on y celébrait des mariages au XVIIe siècle), en réalité un cabinet de travail du marquis de Gonzague où il recevait ses interlocuteurs.
Andrea Mantegna, La Chambre des époux, fresques, pièce de réception du piano nobile (l’étage des appartements de la famille princière), palais ducal de Mantoue, 1465 – 1474.
Ce sont des fresques exceptionnelles tant sur le plan plastique que sur celui de l’invention et des signfications politiques. Elles mettent en scène de manière à la fois naturelle et allégorique le marquis et sa famille.
Au-delà de l’évocation de la puissance politique de Louis III incarnée dans la nomination de son fils Francesco comme cardinal et dans le paysage idéal conséquence des vertus du prince, Andrea Mantegna livre ici une réelle ovation à la gloire de Louis III de Gozague et ce essentiellement par le plafond. En effet Louis III y est un prince parmi les princes, se plaçant dans la lignée des empereurs romains. Des figures mythologiques : Orphée, Périandre (tyran et grand réformateur de Corinthe à son apogée, fin VIIe début VIe siècle av. JC) renvoient les qualités essentielles dont il se sentait probablement pourvu : le courage, l’habileté, l’intelligence, la culture.
La voûte est en trompe l’oeil : le plafond est ouvert en son centre par un oculus, une ouverture vers le ciel, entourée d’une balustrade depuis laquelle des angelots, des hommes, des femmes, un paon. Il s’agit d’une allégorie du pouvoir : un putto, couronné de laurier, joue avec les armoiries des Gonzague, un autre tient une pomme, symbole du globe impérial, enfin un troisième joue avec un bâton, assimilable à un sceptre. Autrement dit, les symboles renvoient au bon gouvernement du royaume.
Mais Mantegna n’a pas manqué d’inclure un autoportrait en guise de signature inséré dans les décorations de grotesques qui ornent le dernier mur :
Dans d’autres cas, le peintre est héroïsé par lui même.